Un peu d’écologie un peu de civisme une grande inquiétude et une petite goutte d’espoir sont à l’origine de cette œuvre provisoire: Les oubliés du tri. Depuis quelques années maintenant que je sais que personne ne trie nos poubelles ni ne les détruit, légende urbaine qui consiste à imaginer des elfes de maison dans les décharges, je suis scandalisée de savoir que toutes nos poubelles non triées finissent dans un volcan gigantesque à proximité de mon domicile, c’est à dire au cœur même de mon paradis terrestre.
Après plusieurs crises des déchets dans l’île et plusieurs discours politiques, je vois les chiffres du tri et mon « coming out of trash » n’est plus seulement lié au fait de la décharge, mais au fait que personne ou quasi ne semble en avoir quelque chose à foutre, ça bouge mais si lentement que c’est à peine une brise quand on attend un ouragan de civisme. Sous prétexte qu’un incinérateur ça pollue, on pollue la terre l’eau la mer et même la qualité de l’air en alimentant par 45 000 Tonnes/an ce volcan putride au cœur de notre belle plaine. Par grand vent, les plastiques volent et jonchent nos bords de route comme des fleurs artificielles brillantes et laides dans les ronces fruités. Mon grand père me disait qu’ici tout pousse, on a la meilleure terre qui soit et l’ensoleillement idéal pour tout ce qui est bon. Faut sortir les cailloux de la terre pour faire les murets avant de planter mais c’est le paradis, je le revois encore beau et fier de sa propriété cernée de galets de fleuve arguant que tout ce qui est corse est meilleur. Mais qu’avons nous fait! Comment avons nous permis une telle aberration! Pardonne nous O Babbo! Alors je sais que la Corse bouge et ce surtout depuis décembre, et j’appelle de tous mes vœux la réussite de ces changements fondamentaux, je vais même être patiente et avoir foi en mes compatriotes. On m’a promis bientôt des bacs de tri plus proches des maisons et c’est bien surtout pour les personnes fragiles ou les récalcitrantes et tout ce qui été fait depuis peu est un grand pas pour rattraper l’immense retard. Mais ne nous trompons pas de direction, le tri doit être exhaustif et proposer un ramassage séparé de tous les plastiques d’un côté et des papiers et cartons de l’autre. Actuellement les emballages sont re-triés après nous, franchement on nous croit pas capables de faire la différence entre un tetrapak et un flacon de gel douche? Dommage car ne récupérer que les emballages d’une catégorie impose d’enfouir l’ensemble des sachets souples à usage unique qui vous en conviendrez sont omniprésents dans chaque confection industrielle, et constituent par conséquent un volume bien supérieur à tout le reste. Absurde exemple: une éco-rechage est un sachet souple qui n’est pas recyclé alors que le flacon l’est. Dans ma famille ces sachets de plastique repartent dans une « valise » en fin de séjour en Corse car en Italie ou nous vivons l’hiver on les recycle, valise poubelle de la diaspora avec cette été une belle robe très classe en prime.
Alors si on est capables de trier et on l’est, qu’ils ramassent et recyclent tout et pas seulement ce qui les arrange, y compris les encombrants les branchages et le compost, que l’on cesse enfin de trouver des décharges sauvages et de nourrir ce volcan purulent ce furoncle dans notre si belle plaine du Fium’Orbu. Car non dans le Fium’Orbu on n’est pas des fous, on n’est pas des résidus de pallu ni des sauvages, on n’est pas des rebuts des montagnes et des villes, on n’est pas faits pour encaisser les ordures, on est nous aussi en droit d’avoir un paysage de carte postale et des plages propres, en droit de refuser le béton et d’exiger des platanes et des murets, en droit d’avoir un maquis qui sent l’immortelle et non pas la poubelle, en droit de dire non à ces tonnes d’immondices et d’obliger tout le monde à trier. Quand à ces sachets recyclables non récoltés il va falloir trouver une solution, soit on les recycle soit on n’en achète plus. Parce que franchement cette œuvre d’art, bien que faite en sachets lavés vous pensez bien que j’avais prévu le coup, elle commence vraiment à sentir mauvais.
Les oubliés du tri ou les matériaux de l’absurde.
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