J’aimerais dire que cette main est inspirée d’un conte fantastique de Maupassant mais c’est juste une étude anatomique de la main de mon fils. La recherche de vérité dans les proportions et dans les particularités anatomiques a pour effet de rendre l’expérience angoissante. Plus la main de terre ressemble à la main de chair plus le concept « mon fils » change de « consistance », c’est angoissant. L’effet est encore pire dans la réalisation d’un portrait, que ce soit celui de mon fils ou plus récent de ma fille, l’ambiguïté ou la dualité entre la satisfaction d’avoir réalisé un travail bien fait et ressemblant et l’idée d’immortalité de la matière qui au delà de la photographie fixe le moment dans une dimension supérieure, porte à un sentiment de rupture de la notion du temps. Quand on commence un tel travail, si on sait évaluer les difficultés techniques et artistiques et on s’attache à bien affronter chacune d’entre elles, la dimension intime vis à vis de la chair de ma chair que je transforme en terre est une difficulté inattendue douloureuse et merveilleuse.