Un WE en amoureux. Nous avons choisi d’aller par le train de Modène qui avec un changement à Bologne nous fait arriver en gare de Santa Lucia di Venezia à 10h03. Le train entre Mestre et Venise traverse l’eau de façon assez surréaliste pour nous jeter aux pieds du canal. Le vaporetto était là, sous un soleil éclatant, mais nous avons choisi d’attaquer franchement en traversant la ville à pieds pour rejoindre notre hôtel situé dans une ruelle proche de la place San Marco. Après bien des ponts et ruelles, nous trouvons notre calle (ruelle étroite comme un ruisseau!) perpendiculaire à la place. Nous y déposons notre bagage pour partir arpenter plus légers.
La première impression, surtout avec le soleil de ce WE, était assez éblouissante. Mon mari qui n’était jamais venu s’est trouvé sous le charme de la ville de suite. Il faut s’habituer à la foule d’entrée, sinon on ne peut survivre tellement on est nombreux et variés. Les ruelles enchevêtrées sont bondées, chargées de boutiques aux vitrines colorées, on marche puis soudain un embouteillage se crée suite à un attroupement devant une vitrine plus belle que les autres contenant une oeuvre imposante en verre représentant un clown géant ou autre merveille masquée. Entre le Rialto et la place SM, une boutique de masques suit une boutique de perles suivant elle même une boutique de costumes, puis encore des bijoux et encore des masques, puis des trattorie (restau) des gelaterie (glaces) et un Mac Do, des restaurants et des Hôtels. Certaines ruelles sont réservées aux marques présentes dans tous les centre villes, on peut donc aussi arrivé à poil se chausser et s’habiller sur place avec les mêmes fringues qu’au centre commercial, sans oublier les images mythiques de l’Italie comme celle de la F1. Insolite, une tête de Don camillo (alias Fernandel) présentait des lunettes dans une boutique de fringues. D’autres ruelles, dans un autre quartier (de l’autre côté de la place en allant vers l’Academia) sont plus dédiées aux marques de luxe, et sont entourées d’antiquaires et galeries d’Art, un Picasso dans une vitrine et un ensemble Gucci dans celle d’en face. On tourne pour voir si par là c’est mieux mais à cinquante mètres il n’y a plus rien, “nessuno” et pas un magasin. Venise est ainsi faite, des parcours commerciaux et des traverses désertes, des petits ponts et des culs de sacs. Des gondoliers un peu partout disent “gondola-gondola” quand des gens passent. Ne pas hésiter à négocier la balade en gondole car ils demandent actuellement 100E pour un tour d’une demie heure à 40 minutes et on peut obtenir moins si on se présente à un moment creux. Les restaurateurs postent des attrapeurs devant les panneaux de menus et vous invitent à venir manger chez eux, attention ne vous laissez pas embarquer par courtoisie, allez voir si le menu vous plait au moins! Je vais me taire un peu pour vous montrer des photos de ce qu’on peut voir dans ces ruelles. A tout à l’heure.
On ne dirait pas comme ça sur la carte, mais Venise, c’est grand! Surtout si on revient régulièrement au Rialto parce que finalement c’est dans ce coin qu’on a repéré un bijou ou un restau ou un marchand de chiffons, mais le plus grandiose reste la place San Marco. Nous avons eu la chance de la voir pendant la messe, on nous laisse entrer dans la basilique sans faire de bruit et comme ça on voit les merveilleuses mosaïques dans un bruit de chants de messe. le soleil du matin entrait et faisait briller les mosaïques de pâte de verre dorées, comme si c’était de l’or pur qui tapissait les voûtes de la basilique. les motifs sont finement dessinés et la qualité de la couleur est extraordinaire. Même dehors sous les différents porches de l’entrée les décors sont somptueux, les marbres sont différents et la façade toute entière est tellement travaillée que ça parait incroyable. Nous en sommes sortis accompagnés des cloches de fin de messe sous un soleil radieux, que du bonheur! Il est X heures 20 sous le lion et les aiguilles de l’horloge bleue marquent la même heure (Ph87). Juste derrière le palais des Doges il y a le pont des soupirs mais il était en travaux (en partie financés par de la pub), ce qui a donné cette photo insolite comme si une page de publicité s’était sauvée d’une revue de mode pour se glisser dans le réel.
Samedi, nous sommes allés sur l’île de Murano, dans l’espoir de trouver à acheter un stock de perles chez les grossistes et fabricants locaux. Là, gosse déception, seules les boutiques de bijoux étaient ouvertes. Une marchande me dit que les “FORNACE” qui sont les lieux de fabrication ferment les WE et nous indique ou se trouve le plus grand de l’île. Nous y allons et trouvons porte close, cependant on peut apercevoir que l’usinage se fait en grand. Quelques boutiques nous ont éblouis, particulièrement celles consacrées spécifiquement aux lustres, car je n’en avais jamais vu de si gigantesques, de si farfelus, beau aussi mais pas tous 😉 et surtout une telle quantité tous accrochés un peu tassés au dessus de nos têtes! La statue ornementale en forme de virus de verre bleu est … que dire, faites vous votre opinion, mais en tous les cas elle en impose en ce qui concerne le thème artisanal de l’île. j’ai eu le béguin pour des vide-poches et complètement craqué pour le millefiori qui a fait la réputation de cette île.
Nous repartons de Murano, bredouilles de stock (pour une perleuse c’est un comble!) mais avec quelques présents bien jolis. Dans le quartiers des boutiques de San Marco, je demande à une commerçante ou sont donc passés les artisans qui travaillaient à la flamme dans les boutiques, ceux que j’avais vus il y a vingt ans, et que je ne trouve plus, qui fabriquaient des petits animaux avec les tubes colorés. Toutes les miniatures que j’avais rapportées je les avais vues faire exprès pour moi. Il me semblait bien que c’était dans ce quartier là. Elle me répond bien triste que les jeunes ne veulent plus apprendre le métier, que c’est dur et qu’il fait chaud de travailler à la flamme et que ça ne nourrit pas assez. Qu’elle même a travaillé pendant des années dans une grande fabrique et qu’elle connait des maîtres qui sont allés enseigner l’art vénitien dans d’autres pays. Un autre commerçant, lui, dispose d’un petit atelier dans un coin de sa boutique. Il explique que son bonbon à 4E est en concurrence avec des bonbons à 50 Centimes faits en Chine. Que ses personnages en verre si typiques de l’art vénitien sont copiés à la chaîne et revendus dans des boutiques de la ville comme du Murano. Il explique qu’il devient difficile de faire la différence car ce sont des maîtres vénitiens qui leur ont enseigné. Ensuite dans une autre boutique, j’entends un vendeur énervé se plaindre qu’un client lui dit qu’il est trop cher et auquel il a répondu qu’il n’avait pas de « chinoiseries” lui! Je dois avouer après cet épisode à la recherche de l’artisan d’art, que je suis repartie un peu déçue, les idées chargées du pessimisme des vénitiens quand à l’avenir de leur spécialité. J’aurais aimé que rien ne changeât jamais de ce que j’avais vu et qui m’avait émerveillé encore plus que les monuments, j’aurais aimé que mon mari aussi voie ce qui avait contribué à l’époque à développer chez moi cette admiration du travail bien fait et beau.
Pour faire transition entre ce propos triste et la suite de la balade, je vais m’amuser à crever les préjugés : Je précise que Venise n’est pas sale si les cochons qui la visitent ne balancent pas leurs bouteilles et papiers dans le canal. J’assure que ça ne sent pas mauvais si on se lave les dessous de bras et si on évite les périodes les plus chaudes. On y mange très bien si on mange italien et si on oublie son chauvinisme ambulant.
Trop épuisés pour marcher, nous avons fait le trajet de retour à la gare en vaporetto dont voici les images prises du pont.
Le reste dans le train pour Modène a peu d’intérêt, mon mari a dormi comme il a pu et j’ai lu, entre des américains qui se bidonnaient sur je ne sais quoi, et une polonaise qui se faisait draguer sévère par un italien (de Padoue sur la ligne entre Venise et Bologne), la fin de leur histoire je ne la connais pas car nous les avons quittés à Bologne mais ils sont allés bavarder dans un autre compartiment dès que des places plus proches se sont libérées!
AAAAH ! Venise !