Archives par mot-clé : Sculpture corse

Bozzetti Leonardo

Après un début d’année confinés nous avons pu réintégrer nos ateliers, moyennant maintes précautions et surtout à tour de rôle. Tout doit donc se faire quand même mais dans un temps mesuré. Je vous montre aujourd’hui le résultat des deux premières études en atelier. Le modèle est un homme jeune et musclé, il est en vrai prof de sport et ça se voit. Les deux poses de cette série sont similaires pour la mise en valeur des muscles du torse. Je sais qu’il faut compter et mesurer pour les proportions, mais j’ai encore tendance à ne faire que ce que je vois. Je vérifie après si les proportions sont correctes mais ce n’est pas mon point de départ, car je cherche d’abord l’axe l’équilibre puis seulement les proportions. La plastique générale, chose étrange, me semble parfois parfaite quand le travail n’est pas abouti et ne ressemble à rien. Je suppose qu’il y a là matière à réfléchir et discuter, de l’importance de la perfection figurative dans ce qui est beau tout simplement, la beauté de l’abstrait et de l’essentiel. Certains de mes collègues réalisent une idéalisation de la figure dans la pure tradition de la renaissance et leur travaux sont sublimes, moi je m’intéresse au vrai de ce que je vois et si le modèle était laid je m’attacherais à faire quelque chose de beau à partir la vérité en cherchant ce qu’il y a de beau dans l’humanité. Là le modèle est beau, donc ce n’est pas compliqué en apparence, mais en fait c’est compliqué de voir le beau de la sculpture et de le dissocier du beau du modèle, cela demande une sélection volontaire dans la perception de celui qui regarde. « Ne me dis pas que je suis belle parce que j’ai l’air d’avoir seize ans vingt ans trente ans cinquante ans … dis moi que je suis belle parce que je vis dans ton regard. » te dira la sculpture.

I miei compagni, la gioia di stare insieme a lavorare 💚 la joie d’être ensemble à travailler en bonne compagnie
folletto e bozzetto

Étude en argile « dal vivo » en classe de sculpture de Stefano Patti à l’académie, premier travail de l’année fait à la rentrée après la libération du lockdown d’automne. Cuit en mai 2021

Bozzetto plouf ado

Thème du plongeon à l’adolescence, conscient du danger l’ado attend son tour

Bozzetto: Adolescent qui attend son tour pour sauter du rocher à la rivière. Même s’il sait que la profondeur est suffisante et que les autres avant lui ont déjà sauté et sont remontés, la crainte de l’inconnu et de l’invisible sous la surface le retient. Le temps et l’espace, l’appréhension devant le futur, la vie qui se profile dans une cascade sombre.

Bozzetto plouf ado
al fiume

Bas-relief « sieste » trace fantôme

Forme à partir du prototype perdue au démoulage du plâtre
Original en terre perdu au démoulage.

Après le mini « bozzetto » de la sieste j’ai travaillé à une version plus grande qui représente le corps tout entier, la partie en haut relief correspond à ce qui emerge de l’eau, la partie en « stiacciato » et bas relief à la partie immergée que l’on voit de haut à travers la transparence de l’eau. J’ai cherché à donner l’aspect fluide de l’eau dans la partie haute qui correspond à l’aval du fleuve, inversant ainsi le point de vue comme si on était un oiseau en Sand by au dessus de la rivière tournant le dos à la montagne en direction de la mer. L’aspect lisse de la partie basse suggère le monde du rêve, transporte la figure dans un cosmos imaginaire. Ces images montrent le prototype en terre qui a été détruit au démoulage du calque, et le calque obtenu en plâtre lui aussi perdu à l’étape suivante. Aujourd’hui je vous montre juste des fantômes.

Don Marc 2020

Après des mois d’abandon nous avons retrouvé notre atelier commun à l’Académie et redécouvert ce que nous y avions laissé, la nature ayant repris ses droits nous avons eu quelques surprises. Certaines sculptures avaient carrément de la mousse haute mais la mienne avait un simple et léger duvet vert. Ce portrait de mon fils fait en janvier 2020 juste avant la crise Covid avait été abandonné non fini, il me restait à sculpter le regard qui était à peine esquissé, et je devais remodeler un peu les cheveux. Presque tout vert à la reprise début décembre, j’ai dû choisir entre nettoyer gratter et refaire ou préparer pour la cuisson. Mon professeur m’a dit une chose bien interessante: d’une part que la mousse disparaitra à la cuisson et d’autre part que ce portrait non fini appartenait au passé alors qu’il fallait aller de l’avant, que s’il ne me plaisait pas comme ça je n’avais qu’à en refaire un autre. Je suis sûre que son conseil pour ce travail particulier me sera utile dans bien d’autres cas, et dans ce cas précis l’effet surprise de la mousse et les traces d’emballage marquées par l’abandon montreront ce que ce virus a eu sur la sculpture en parallele avec son impact sur nos vies. Non fini et rongé par la nature qui reprend ses droits sur la terre, ce portrait restera ainsi. Je le prépare pour la cuisson et attend de voir ce que ça donnera.

Retrouvailles de décembre
Seance de pose en classe de sculpture à l’académie janvier 2020
à la recherche tactile du visage qui immerge de la terre
Verification de la ressemblance et des proportions
juste avant les cheveux!
Avec des cheveux 😉
Dernière version début février avant le confinement, restait à terminer les yeux et les cheveux
Retour en classe après des mois, mi décembre enfin le casse tête …
09 dicembre: Tête vidée et recollée, mise en séchage avant cuisson.

Etude anatomique de la main DM

J’aimerais dire que cette main est inspirée d’un conte fantastique de Maupassant mais c’est juste une étude anatomique de la main de mon fils. La recherche de vérité dans les proportions et dans les particularités anatomiques a pour effet de rendre l’expérience angoissante. Plus la main de terre ressemble à la main de chair plus le concept « mon fils » change de « consistance », c’est angoissant. L’effet est encore pire dans la réalisation d’un portrait, que ce soit celui de mon fils ou plus récent de ma fille, l’ambiguïté ou la dualité entre la satisfaction d’avoir réalisé un travail bien fait et ressemblant et l’idée d’immortalité de la matière qui au delà de la photographie fixe le moment dans une dimension supérieure, porte à un sentiment de rupture de la notion du temps. Quand on commence un tel travail, si on sait évaluer les difficultés techniques et artistiques et on s’attache à bien affronter chacune d’entre elles, la dimension intime vis à vis de la chair de ma chair que je transforme en terre est une difficulté inattendue douloureuse et merveilleuse.

Francesca work in progress

Francesca ritratto prove di misure
Francesca creta ritrattistica 10 novembre

Après avoir réalisé le portrait de mon fils en classe à Florence l’an dernier j’avais promis à ma fille de l’y sculpter elle aussi, à cause du lockdown la leçon de portrait cette année se fait à la maison. On se rattrapera, quand on ira à Florence on ira trainer aux Offices et aussi en ville et on mangera des pizzas et des glaces ensemble, bientôt j’espère. Certaines séances sont en « live » avec le « maestro » en video qui observe mon travail et me donne des conseils. Et quand on est tous en train de travailler à l’écran, l’image de la classe forme une mosaïque de têtes en terre avec des humains qui les travaillent chacun la sienne dans son carré, dans un des carrés le prof nous parle chacun à son tour, c’est cruel mais sympathique. Voici la toute dernière séance de ce lundi 16 novembre qui s’est terminée par un « Mets donc un fruit sur le chignon qu’on puisse voir ce que ça donne … ». Ce qui me plait dans cette image c’est qu’il y a ma fille dans une version « Promethéenne » comme si après l’avoir faite de mon sang je la fabrique maintenant en terre, couronnée de l’esprit visuellement joueur de mon professeur à travers ce fruit en équilibre. Beaucoup d’enseignement aujourd’hui. Cette figure fait partie d’une composition future dont je vous invite à suivre la progression, en attendant je vous laisse avec cette version « à la grenade »

Francesca ritrattistica creta non finito 16 novembre « prova col melograno »
Francesca ritratto non finito 16 nov 2020 « prova col melograno »
Francesca in creta « prova col melograno » a colori

20 novembre ajout des oreilles et augmentation du chignon.

20/11/2020 Francesca ritratto work in progress
20/11/2020 Francesca ritratto work in progress
23 novembre prova con la conchiglia

23 novembre fabrication du coquillage et essai de mise en place de la composition future. Francesca qui écoute la mer dans le coquillage l’esprit en voyage vers nos lointains rivages .

Manifesto

Projetée pendant le lockdown COVID19 pour le cours de sculpture online, cette figure est la manifestation de l’état de mon âme quand je ne peux ni faire ni aller ni décider.
L’absence de membre et de la tête laisse suggère une ruine retrouvée partielle dans un chantier archéologique, comme si nos libertés y étaient enfouies le temps du passage de virus qui aurait eu l’effet d’une tornade dévastatrice. Les fissures dans la terre de ce corps signent la fragilité de nos libertés la fragilité de la vie même:
« rendre visible la blessure intérieure de l’âme ».
Le vide intérieur fait place au souffle d’espérance qui nous anime.
Dans ce projet je fais référence aux manifestants qui écrivent le slogan sur leur propre corps pour attirer l’attention, les blessures les cassures de la sculptures représentent dans ce cas les coups portés ou la censure.
Une autre référence est celle à la Venus de Milo, dont je reprends la posture dans une forme libérée et plus charnelle. Le message dans cette ressemblance est celui de l’image que l’on nous impose comme modèle, image cassée brisée fendue car ce qui compte c’est ce qu’il y a à l’intérieur et nous ne sommes décidément pas faites toutes dans le même moule.
Mon cri à travers ce manifeste est limpide, il devait juste prendre forme. J’ai donc présenté ce projet dessiné avec le « bozzetto » pour les examens de passage avec les relations des précédentes sculptures que vous avez pu voir ici au cours du premier semestre et qui sont publiés dans cette rubrique de blog dédiée à l’Accademia.
Dans cet article j’ai publié plusieurs croquis de base jusqu’au dessin complet du concept et les photos de la réalisation du modèle en argile. La sculpture de taille humaine n’est pas faite et l’idée demeure sous forme de « bozzetto » c’est à dire de projet dont la partie en argile est à cuire pour ne pas la perdre. En début d’année j’avais commencé à projeter une version de l’albatros dont le « bozzetto » est fait, projet remplacé par celui ci plus urgent à explorer, plus necessaire.
À l’approche de la rentrée alors que nous pouvons enfin espérer retrouver les atelier et relever de nouveaux défis j’ai une pensée pour ceux qui n’ont pas eu autant de chance et je continue mon chemin.

essai solitaire

Transhumance immatérielle en céramique

La transhumance, inscrite au patrimoine culturel immatériel par l’Unesco en 2019 à la demande de trois pays Européens dont l’Italie. Ce projet est une invitation à prendre le temps du voyage, le temps d’aller d’un pâturage à un autre, d’un lieu de nourriture culturelle à un autre, et de savourer la vie. Une invitation à prendre conscience de l’héritage culturel sous différentes formes y compris celle du savoir faire et du bien être animal dans un monde ou tout doit être productif avant d’être beau et bon. J’ai imaginé cette installation dans la cour du palais Medici-Riccardi à Florence, mais cette idée peut aussi voyager de peuple en peuple porté par les lieux culturels chers à chacun.
Projet d’installation pour l’examen de « Tecniche della ceramica » 2020 Accademia Belle Arti di Firenze. J’ai imaginé cette installation dans une structure de fer d’une dizaine de brebis en céramique façon barbotine coulées dans le même moule avec dorure sur les mamelles et cristalline de finition sur la couleur.

Progetto 2020 installazione arte contemporanea « transumanza immateriale » casa Medici Firenze
schizzi di studio della forma, la pecora corsa
(c)mienville pecora corsa a ghisonaccia
Pecora corsa foto a Sant Antonio di Ghisonaccia (c)mienville
Bozzetto di polimero nella realtà
Bozzetto di resina e foto montaggio
stampo-barbottina-aerografo studio per la formatura e il colore delle pecore
colore del pascolo
Progetto transumanza installazione di scultura ceramica arte contemporanea 2020 casa Medici

Albatros

Allégorie du poète, l’albatros de Beaudelaire, ici il se défait de ses ailes. Ce projet reste aujourd’hui sous forme de petite sculpture en terre à cuire, et j’y reviendrai sûrement plus tard dans une autre version sur le même thème. Idée provisoirement abandonnée au profit d’une autre en cours d’étude qui me semble plus adaptée aux exigences actuelles car j’aimerai travailler en taille réelle. Comme je n’ai pas accès aux ateliers de l’Accademia je dois me contenter de réaliser ce qui peut se faire à la maison, sans prof, sans matériel, et surtout sans espace car dans une dimension qui ne me nécessitera pas une grue de levage pour porter mes devoirs à l’école! Pour l’instant j’aime beaucoup cette petite sculpture inspirée du poème de Baudelaire qui me parle du droit à la différence, à la liberté d’être tout simplement un individu particulier parmi la multitude. Projet à reprendre d’ici quelques temps.

Bozzetto albatros mienville
Bozzetto Albatros Mienville

Poussière d’étoiles, autoportrait 2020

« Je suis dans le pays des arts : je veux en approfondir l’étude, afin d’y trouver de la joie et du repos pour le reste de ma vie et de pouvoir passer à autre chose. » Goethe, Voyage en Italie, extrait de correspondance du deuxième voyage le 20 juillet 1787.
Émergence sanitaire Covid19.
Version en confinement dans un bocal. Je suis dans un bocal sur une étagère au pays des arts et j’attends la libération. Poussière d’étoiles, la pierre ponce résulte de la fusion au cœur de la terre comme je résulte de la fusion de deux êtres, elle naît dans un volcan qui la propulse dans la mer pour son voyage entre les terres comme moi en diaspora entre la Corse et l’Italie. Je suis de la poussière d’étoile, le hasard m’a fait naître ainsi et vous autrement et ailleurs, formes différentes de la même substance. Le plus important est toujours le voyage et ses rencontres.
Etude pour le cours de dessin pour la sculpture axé sur l’art contemporain du Professeur Pantani de l’Accademia di Belle Arti di Firenze.

Autoritratto « polvere di stelle » autoportrait « poussières d’étoiles »